Bassins et sonÉglise

10 siècles d’histoire !

Comment imaginer un village sans église ? Et la nôtre est particulièrement bien située sur sa colline, dominant le pays et son lac. En face, le Mont-Blanc dévoile toute sa splendeur par beau temps. Depuis dix siècles, ils se sont confié beaucoup de secrets, ces deux-là !

L’église de Bassins est classée monument historique. Elle fait aussi partie du patrimoine clunisien .

Au 11e siècle

L’église dépend du couvent de Payerne, vraisemblablement un don de Humbert 1er, Sire de Cossonay et de Prangins, semble-t’il antérieur à 1164, date à laquelle apparaît le premier prieur connu, Gérold ou Gérolet. En 1183, une bulle du Pape Lucius III confirme à Payerne la possession de l’église dédiée à Notre Dame.

1361

Date du plus ancien parchemin connu, soit la reconnaissance du prieuré par Payerne.

1529

Les amodiateurs du couvent de Payerne donnent le Prieuré en sous-amodiation à Etienne Badel pour trois ans, pour 500 florins petit poids, à condition qu’il en supporte toutes les charges ordinaires. Le domaine du Prieuré s’étendait jusqu’au sommet du Jura, était limité à l’ouest par la Chatreuse d’Oujon, au sud par l’abbaye de Bonmont et au sud-est par le territoire de Begnins. Il semble qu’il s’agissait d’un prieuré rural situé près de l’église. Les moines étaient également seigneurs de Bassins, avec les avantages que cela comportait. Cela dura jusqu’en 1536, date de la conquête bernoise.

1542

Les biens ecclésiastiques sont estimés par un commissaire bernois. La cure qui a disparu depuis fut taxée 800 florins et 1 florin de rente – les dîmes réservées – et cédées à Michel Mestraulx de Begnins. Le prieuré, taxé quant à lui à 2100 florins et 2 florins de Savoie et rente annuelle – grange et dîme réservées – revint à Jaques Jordan. Le prieuré possédait 12 poses de vignes à Vich, que l’on appelle encore à l’heure actuelle le « Clos de Payerne ». Il touchait en plus de la moitié des dîmes de vin de Vich et Gland, ainsi que toutes les redevances des habitants de Bassins.

À la Réformation

L’église de Bassins devint une annexe d’Arzier. En 1667, elle fut rattachée à Burtigny.
On peut dater l’église du XIe ou du XIIe siècle, selon les sources. Des adjonctions y furent faites au XIIe, XIIIe, XVe, et XVIe s. La décoration a disparu. Notre église présente une grande analogie de plan avec celles de Saint-Sulpice et de Grandson.
La partie la plus ancienne est le choeur roman, vestige probablement d’une grande église romane ou selon certains d’un prieuré rural.

La petite chapelle date de 1406

Fondée par Gérard de Penezat de Bassins, elle était dédiée à la vierge Marie, elle fut dotée par le fondateur en argent, terres et vignes, à charge d’y faire dire trois messes par semaine, à perpétuité ! La grande chapelle est datée du XVe s. et fut fondée par la confrérie du Saint-Esprit. Elle fut murée par la suite et utilisée tout d’abord comme prison et ensuite comme bûcher, mais rouverte lors de la restauration de 1934, de même que la niche en accolade avec lave-mains au fond du choeur.

La fenêtre entre les deux chapelles et les tombes retrouvées sous la grande chapelle prouvent la construction postérieure de cette dernière. On a d’ailleurs trouvé des tombes ailleurs. La nef, elle est plus récente. La tour romane est surmontée d’un clocher de style bourguignon courant à la Côte. Le vestibule ou narthex est d’une période indéterminée. Le porche date de 1786.

1786 Réfection du plancher et bancs neufs.

Construction du porche, semble-t’il. Blanchiment du temple et percement d’une fenêtre en pierre de taille, mais il n’est pas indiqué laquelle.

1797 Charpente du toit

Pose de deux nouvelles cloches, ce qui nécessite la remise à neuf du beffroi. On utilise du chêne. L’une des deux anciennes cloches étant fendue fut reprise par le fondeur Samuel Treboux de Corsier et s’en alla par barque de Nyon à Vevey. Les nouvelles avaient fait le voyage en sens inverse.
La seconde, datant de 1744 fut transportée sur le clocher de l’école en 1907 et y est encore. Comme l’église, elle est classée monument historique. Elle porte les noms des neuf conseillers de Bassins de l’époque, noms très bachenards : Treboux, Dunand, Genevay, Velen, etc. ( A noter que Velen a changé d’orthographe, comme beaucoup de noms, actuellement, Velan).

1864

Réparation du plancher.

1878

Gypserie et pose d’un dallage à la place du plancher.

1934 Grande restauration

On pose des briques rouges en fougère à la place des planelles.
Grattage des murs et création de motifs décoratifs dans l’entrée et au fond du choeur. Comme déjà dit, réouverture de la grande chapelle avec rétablissement de la fenêtre entre les deux chapelles.
Ouverture de deux grandes fenêtres côté lac. Remplacement du fenestron du choeur par deux dito surmontés d’un occulus. Changement de tout le mobilier, y compris la chaire.
Remplacement de l’ardoise du toit par des tuiles. Le cadran de tôle de l’horloge étant disproportionné, il est remplacé par un plus modeste, en cuivre. Installation d’un chauffage à circulation d’air.
Pose des vitraux d’une grande valeur, œuvre du peintre Marcel Poncet de Vich. Ils furent offerts en partie par des mécènes, mais aussi par les enfants des écoles qui donnèrent des soirées et renoncèrent à leur course annuelle.
Installation de la sonnerie électrique. Impossible de trouver les trois sonneurs nécessaires, dont deux pour la grande cloche. Les petits boulots n’ont plus cours.

Travaux d’entretien

Assainissement du sol. Percement d’une fenêtre dans la sacristie et de deux dans le narthex avec encadrements en pierre du Jura. Piquage du choeur qui fait réapparaître la pierre de tuf. Mise en place d’une troisième cloche grâce à un don qui exige l’élargissement de l’un des fenestrons jumeaux. Les deux sont restaurés, ainsi que celui cité au-dessus de la fontaine, l’un des plus anciens jours de l’édifice.
Remplacement et rehaussement de la toiture du porche, en état de vétusté. Installation du chauffage électrique et amélioration de l’éclairage. La toiture est révisée. La pose de la cloche donnera lieu à une grande fête. Après qu’elle eut fait le tour du village, les enfants de écoles la hissèrent et un nombreux public assista à sa lente ascension. Elle pèse 510 kg et donne depuis la  « bémol » qui s’accorde avec le  « mi bémol » et le  « fa » des deux anciennes cloches. Je m’appelle  « Reconnaissance » dit-elle.

On peut déduire de ces réparations que les habitants de Bassins se sont toujours beaucoup souciés de l’entretien de leur église. Les deux dernières fois, ils ont associé les enfants à la fête, afin qu’ils se rendent compte de la valeur de cet édifice et de tout ce qu’il représente même pour ceux qui n’y vont guère.

Cécile Cordey

Réf. : Histoire de Bassins, Paul Genevay
Cent églises vaudoises, Adolphe Decollogny
Guide culturel Migros